Tuesday, December 18, 2007

Giuliani... c'est fini?

Souvenez-vous: il y a une année, l'affaire était dans le sac... Il y a six mois, c'était absolument certain... Il y a encore quelques semaines, aucun problème... Aujourd'hui pourtant, le choc annoncé et prévu de longue date Hillary-Rudy semble de moins en moins certain. Tout ca à cause de ces trouble-fête nommés Obama et Huckabee venus gacher le duel de rêve.

On a déja parlé des difficultés rencontrées par Clinton ces derniers temps. Rien de bien nouveau à signaler de ce côté-la pour l'instant.

Parlons de Rudy Giuliani, dont la candidature semble de plus en plus mal en point. Au début de l'année, il survolait tous les sondages (courbe violette dans le graphique ci-dessous) de même que John McCain (courbe orange). Giuliani a profité de l'érosion de la cote de McCain et a pu se maintenir plus longtemps, mais il semble bien qu'il soit sur le point de s'effondrer pour de bon. Remarquez la courbe verte montrant la montée vertigineuse de Huckabee ces derniers temps.

Les sondages au niveau national et pour les 6 premiers états qui votent avant le Super Tuesday:

Au niveau national:
Giuliani 22.8% - Huckabee 20.3% - Romney 15.7% - McCain 12.5% - Thompson 10.7%

Iowa (3 janvier)
Huckabee 34% - Romney 23.3% - Giuliani 9.8% - Thompson 9.5% - McCain 5.8%

New Hampshire (8 janvier)
Romney 32% - McCain 18.5% - Giuliani 16.5% - Huckabee 11% - Thompson 2.8%

Michigan (15 janvier)
Giuliani 22.5% - Romney 20.3% - Thompson 12.8% - McCain 11.3% - Huckabee 10.3%

Nevada (19 janvier)
Romney et Giuliani 23.7% chacun - Huckabee 15.3% - Thompson 9.7% - McCain 7.3%

Caroline du Sud (19 janvier)
Huckabee 24% - Romney 17.4% - Thompson 15.6% - Giuliani 14.8% - McCain 11%

Floride (29 janvier)
Giuliani 28.4% - Huckabee 17.6% - Romney 16.8% - McCain 9.8% - Thompson 9.4%

Au niveau national, Huckabee est maintenant à moins de 3 points de Giuliani. En Iowa, rien ne va plus, alors qu'il se bat pour arracher une 3e place, loin derrière les deux premiers. Egalement en 3e place dans le New Hampshire et 4e en Caroline du Sud et il se peut bien que sa campagne est en train de tomber en pièces. Que s'est-il passé?

D'abord, un gros problème pour Giuliani est que Hillary Clinton n'est plus aussi inévitable que prévu. Or toute sa campagne s'est basée sur sa capacité supposée à être le meilleur candidat capable de battre la méchante sorcière Hillary qui fait tant peur aux Républicains. Maintenant que la terrible menace d'une présidente Clinton semble un peu s'éloigner, beaucoup de l'attrait de Giuliani s'est évaporé, ce qui a conduit les électeurs républicains à se rabattre sur un candidat qu'ils aimaient vraiment, d'où la montée en puissance de Huckabee.

Un autre problème pour Giuliani a été un regain d'intérêt pour la politique intérieure et moins d'attention portée aux menaces terroristes étrangères, sa marque de fabrique. (Comme le disait un candidat démocrate dernièrement, quand Giuliani fait une phrase, tout ce qu'il utilise, c'est "un nom", "un verbe" et "11 septembre").

Bien entendu, tout cela n'aurait pas forcément dû lui être fatal. Même si la réputation qu'il a savamment cultivée en tant que "héros du 11 septembre" et son statut de "bouclier anti-Hillary" sont devenus moins importants, il aurait pu rester un candidat sérieux avec un message fort. Mais là n'était pas son seul problème...

Oh, les électeurs républicains avaient bien entendu dire que ce candidat n'est pas très acceptable avec ses positions bien trop libérales sur les sacro-saintes "valeurs morales" (au début de l'année, tous les experts prédisaient que sa candidature n'allait pas faire long feu, à cause de ses vues "décalées" sur l'avortement, les droits homosexuels, le contrôle des armes à feu, etc.) Mais il avait surpris les commentateurs et tenu bon, les électeurs ayant sans doute préféré ignorer ceci et le soutenir tout de même pour parvenir à garder l'essentiel: éviter que Hillary ne remporte l'élection. C'est sûr qu'il a de la peine à se positionner de facon crédible en chantre des valeurs familiales: n'oublions pas qu'il est deux fois divorcé (imaginez...) et que sa propre fille lui parle à peine et soutient le candidat démocrate Obama! Dernièrement, quelques affaires ont continué de lui pourrir la vie: des histoires douteuses auquel est mêlé un de ses collaborateurs et surtout un bon petit "sex scandal" dont les Américains sont friands: lors de son second mariage, il aurait en effet eu une aventure extraconjuguale et tous les frais liés à ses escapades du week-end et à la sécurité de sa maîtresse et autres ont été facturés à la ville de New York. (Scandale que les petits malins ont appelé "Sex on the City" (sur le compte de la ville) ).

Bref, maintenant, ca sent drôlement le roussis pour lui. Les experts s'accordaient pour dire que sa stratégie basée sur la victoire dans les grands états le 5 février pourrait fonctionner pour autant qu'il ne soit pas trop mauvais dans les premiers états. Il faudrait qu'il termine au moins 3e en Iowa et au moins 2e au New Hampshire par exemple. Or même ces modestes objectifs semblent maintenant difficilement réalisables.

En fait, il disposait d'un paravent de sécurité avec la Floride, où il a toujours été très en avance dans les sondages. Là aussi, toute cette avance est partie en fumée. Le dernier sondage montre même pour la première fois qu'il a chuté en 3e place en Floride, avec 19%, derrière Huckabee (27%) et Romney (23%). Alors là, inutile de dire que s'il s'effondre également en Floride, rien ne va plus, et il sera difficile, voire impossible d'avoir une quelconque chance dans la suite.

Peut-il encore redresser la barre? Bien entendu, mais cela semble de moins en moins probable. A l'heure actuelle, il est donc possible que Huckabee et Romney soient les mieux placés pour l'emporter. Beaucoup d'entre vous m'ont dit que de toute facon, il est inconcevable qu'un mec comme Huckabee puisse être nominé... Eh bien refléchissez encore, c'est tout à fait possible! Certes, vu le peu d'argent dont il dispose, il lui sera difficile de mener campagne dans les grands états du 5 février. A l'heure actuelle, je dirais peut-être que c'est Romney qui est le mieux placé pour être le candidat républicain. Et là, c'est les démocrates qui se réjouissent déja, puisque tous les sondages de l'élection générale indiquent que n'importe quel candidat démocrate écraserait largement Romney (tandis que les choses sont bien plus délicates et serrées s'ils venaient à affronter Giuliani ou McCain qui sont davantage susceptibles de plaire également à l'électorat dit "modéré").

Pat - live from Philly

Sunday, December 16, 2007

Pourquoi Hillary a encore de bonnes chances...

J'ai depuis quelque temps émis des réserves sur les chances de nomination de Hillary Clinton, un renversement tout à fait impensable il y a encore 1 mois, quand on croyait encore que la course à la nomination démocrate était "jouée d'avance".

En effet, avec la course à quasi-égalité dans l'Iowa et le New Hampshire, et alors que Obama est en progression régulière depuis quelques jours, on peut se demander si ce n'est pas lui le favori, finalement.

Pas si vite!

Hillary a tout de même des avantages énormes dans cette compétition qui lui permettent plusieurs chemins pour parvenir à la victoire. Si vous êtes pour Hillary, je ne voudrais pas trop vous démoraliser, alors voici quelques arguments qui expliquent pourquoi elle a encore largement ses chances. Trois facteurs principaux lui confèrent cet avantage:

1. Un statut de quasi "présidente sortante"
Par le passé, plusieurs candidats se sont entièrement effondrés après avoir essuyé des défaites dans les premiers états (Howard Dean en 2004, au profit de John Kerry, etc.) Au contraire, d'autres candidats se sont relevés de ces premières défaites. L'idée que le soutien de Clinton est entièrement basé sur son aura d'"inévitabilité" et qu'elle va s'effondrer dès qu'elle commencera à perdre est très discutable. En fait, puisqu'elle est presque vue comme une ancienne présidente (en vertu de son rôle actif dans l'administration de Bill), elle jouit de plusieurs avantages énormes qui devraient l'aider à long terme.
- Elle dispose de plus d'argent que n'importe quel démocrate n'en a jamais eu à ce stade (Obama n'est pas loin, d'ailleurs).
- Son nom est universellement connu.
- Elle semble disposer des supporters les plus fidèles: un nombre énorme de démocrates l'adorent et la plupart des sondages indiquent que ses supporters sont moins susceptibles de changer de candidat.
- Elle a un fort soutien du système démocrate, politiciens et officiels.

2. Les médias
Elle s'est passablement faite égratigner par les médias ces derniers temps, mais évidemment c'est dans l'intérêt des médias d'avoir une campagne palpitante et serrée. Et désormais, ils la tiennent, leur campagne palpitante et serrée. Ils vont donc en tirer un maximum, le plus longtemps possible, ce qui signifie qu'ils ne devraient pas l'enterrer (ni Obama, d'ailleurs) avant que ce soit vraiment fini.

3. Le calendrier
Petit rappel:
- 3 janv. : Iowa (caucus)
- 8 janv. : New Hampshire (primaire)
- 15 janv. : Michigan (primaire)
- 19 janv. : Nevada (caucus)
- 26 janv. : Caroline du Sud (primaire)
- 29 janv. : Floride (primaire)
- 5 févr. : Super Tuesday (22 états)

Le début du calendrier ne lui est pas favorable, avec plusieurs états qui tiennent des caucus (qui ont tendance à avoir une participation très faible, particulièrement dans la population à faible revenu) et plusieurs qui permettent non seulement aux électeurs démocrates de participer, mais également aux indépendants (qui soutiennent davantage Obama). D'autre part, certains des premiers états manquent de communautés qui sont des atouts pour Hillary, comme les Latinos, Asiatiques ou Juifs.

Cependant, le calendrier devient bien plus Hillary-friendly dans la suite, avec des états qui incluent des primaires où seuls les électeurs démocrates peuvent participer. Elle va sans doute remporter le Michigan et a une avance énorme en Floride, qui a une forte proportion de Juifs, de Latinos, de retraités, et de personnes provenant de l'état de New York, son état d'adoption.

Autrement dit, même si elle perd les 2 premiers états, elle est presque sûre de gagner 2 des quatre états suivants. Ainsi, les médias ne pourront pas l'enterrer à ce stade, quoiqu'il arrive ailleurs.


Ensuite, qu'est-ce qu'on a au programme? C'est le Super Duper Tuesday, où 22 états votent pour sélectionner 2064 délégués, soit plus de 10 fois le nombre de tous les délégués qui auront été choisis en Iowa, New Hampshire, Nevada et Michigan combinés, et plus de la moitié du total.


Hillary a une avance énorme dans le plus grand état, la Californie (25 points d'avance), le second plus grand, New York (32 points d'avance) et le 4e plus grand état, le New Jersey (32 points d'avance). A eux seuls, ces trois états rapportent 5 fois plus de délégués que Iowa, New Hampshire, Nevada et Michigan ensemble.


Certes, la Californie permet aux indépendants de voter, qui lui sont un peu moins favorables, mais Hillary est immensément populaire là-bas, compte beaucoup de soutiens politiques locaux, et l'état est idéal pour elle du point de vue démographique (relativement forte proportion de Latinos, Juifs, Asiatiques ou gays). Conclusion: si elle est encore sur pied au moment d'aborder le Super Tuesday - ce qui est pratiquement garanti en vertu de ce qui précède - elle a de grandes chances de rafler la mise, et donc la nomination.


P
our résumer, passons en revue les multiples scénarios qui peuvent la mener à la victoire...


1er scénario: gagner l'Iowa

Tout n'est pas encore perdu pour elle dans l'Iowa, car elle est activement soutenue par les personnes âgées (tradionnellement très assidues pour participer aux caucus). Elle a encore de bonnes chances de gagner l'état et alors là, plus rien ou presque ne pourra l'arrêter... Même si Edwards gagne l'état et qu'elle vient en deuxième, ce n'est pas non plus un problème.


2e scénario: rattrapage dans le New Hampshire

Il semble à présent que si Obama gagne l'Iowa, il est probable qu'il remporte également le New Hampshire. Mais ceci est loin d'être garanti. Son support ici dépend beaucoup de la participation des électeurs indépendants, qui est très difficile à prévoir puisque ces électeurs peuvent aussi participer aux primaires républicaines s'ils le souhaitent.

Donc si elle fait un comeback ici, elle poursuit probablement sur sa lancée et gagne le jackpot.

3e scénario : perdre les 2 premiers et gagner le reste

Elle va remporter le Michigan, ce qui ne voudra pas dire grand chose (en effet, les autres candidats principaux se sont désistés dans cet état), mais cela changera un peu les titres de journaux et les commentaires insistant sur sa descente aux enfers... Elle a une bonne avance dans le Nevada et pourrait gagner là-bas aussi, et continuer de là avec la Floride. Même si elle perd la Caroline du Sud, à ce moment-là, Clinton et Obama auront gagné chacun 3 états, et Hillary aura gagné les deux plus grands. Elle aborde donc le Super Tuesday comme favorite et remporte la mise.


4e scénario: Michigan, Floride et Super Tuesday

Dans le pire cas où elle ne gagne rien d'autre que le Michigan et la Floride, cela représente tout de même les deux états les plus grands et les plus compétitifs. La Floride, en particulier, est le 3e plus grand état et un des plus importants dans les élections présidentielles, et c'est le dernier à voter juste avant le Super Tuesday. Elle a donc le vent en poupe pour le 5 février et gagne largement.


Bien sûr, tous commentaires, réclamations ou questions sont les bienvenus...


Pat - live from Philly

Saturday, December 15, 2007

Elections en Iowa: jour J-20

Bonjour,

Petite mise à jour de l'état de la campagne à 20 jours des premiers résultats...

Démocrates

Je vous le disais il y a peu, la tendance était que la domination absolue de Hillary Clinton était en train de s'effriter légèrement. Bien que disposant d'une avance très confortable dans beaucoup de grands états et au niveau national, les sondages dans l'Iowa ne présageaient rien de bon et laissaient envisager que Obama pourrait bien gagner l'Iowa et peut-être profiter de ce tremplin pour gagner la suite.

Qu'en est-il aujourd'hui? Eh bien, on peut dire que cette tendance n'a fait que s'accentuer ces derniers jours. Maintenant, Obama est régulièrement en tête des sondages de l'Iowa. Moyenne actuelle des 4 derniers sondages:
Iowa: Obama 29.8% - Clinton 27.5% - Edwards 21.3%

Heureusement, Hillary avait encore de la marge dans le New Hampshire, qui suit immédiatement. Eh bien les nouvelles ne sont pas très bonnes là non plus, puisque son avance a fondu. Moyenne des 5 derniers sondages:
New Hampshire: Clinton: 30.6% - Obama 29.2% - Edwards 15.2%
Et le dernier sondage paru aujourd'hui donne pour la première fois Obama en tête de 1 point... Autant dire que si Obama gagne l'Iowa, Clinton aura de la peine à gagner le New Hampshire 5 jours plus tard...

Alors tout est fini pour Hillary? Eh bien, ça semble de plus en plus sentir le roussis pour elle. Il y a quelques jours, je disais que je parierais toujours sur elle. Là, j'ai de moins en moins envie de parier quoi que ce soit, tellement le jeu est ouvert. Bon, allez, à l'heure actuelle, je miserais encore sur Hillary, étant donne que l'avance hallucinante dont elle dispose dans les gros états suivants est toujours stable. (30 points d'avance en Floride, 25 points d'avance en Californie, etc...)

Finalement, il est possible qu'elle perde plusieurs états au debut et que la descente aux enfers soit arrêtée avec une victoire en Floride (qui vote aussi avant le Super Tuesday).
Beaucoup beaucoup de suspense dans les quelques jours qui restent, en tout cas...

Républicains

Là aussi, la tendance entrevue l'autre jour se confirme. Huckabee semble de plus en plus en mesure de semer la pagaille dans la guerre annoncée entre Giuliani et Romney.

Au niveau national, on a: Giuliani 23.1% - Huckabee 19.6% - Romney 14.1% - McCain 12.5% - Thompson 11%
Autrement dit, Huckabee n'a pas seulement fait exploser les sondages dans l'Iowa, mais dispose d'un soutien grandissant au niveau national. Le tout dernier sondage qui vient de tomber le donne même à égalité avec Giuliani!

Dans l'Iowa, on a Huckabee 34.5% - Romney 21.7% - Thompson 9.8% - Giuliani 8.8% - McCain 6%
Paradoxalement, c'est presqu'une bonne nouvelle pour Romney, parce que désormais il n'a plus d'attentes trop élevées en Iowa (maintenant, tout le monde s'attend à ce que Huckabee remporte l'état, donc la 2e place éventuelle de Romney peut être acceptable). Au contraire, si par hasard Romney parvient à remonter la pente et soudain terminer en tête, cela lui fera beaucoup plus de pub positive pour le propulser en tête des états suivants.
Vous remarquerez que Giuliani, toujours tant bien que mal en tête au niveau national, est au fond du trou dans l'Iowa.

A-t-on le même schéma dans le New Hampshire? Non! La situation est très différente en Nouvelle-Angleterre où Huckabee plaît beaucoup moins:
Romney 30.4% - McCain 17.8% - Giuliani 17.2% - Huckabee 10.6% - Thompson 3.2%

Ensuite, il y a la Caroline du Sud, qui est un terrain plus propice aux idées de Huckabee. En fait, il a tellement peu d'argent que beaucoup se demandent comment il pourrait assurer une campagne de longue haleine dans les gros états (où la campagne ne peut se faire par un contact personnel avec les électeurs, mais à coup de spots de pub onéreux sur les grandes chaînes de TV).

Bref, Giuliani, Romney et Huckabee ont tous les 3 de très bonnes chances de gagner. C'est un peu moins probable pour McCain (bien qu'un retour surprise dans le New Hampshire n'est pas à exclure).
Bref là aussi, c'est l'incertitude totale...

Wednesday, December 12, 2007

Vous avez aimé Bush? Vous allez adorer Huckabee!

Je vous le disais il y a peu, dans la course à la nomination républicaine, la bataille prévue entre les deux stratégies opposées de Romney (gagner les premiers états et se servir de ce tremplin pour enchaîner avec la suite) et Giuliani (espérer que les défaites initiales attendues n'entament pas trop son avance dans les gros états qui votent ensuite) a très dernièrement été remise en question par la montée fulgurante de Mike Huckabee qui semble tout à coup devenir un candidat très très sérieux.

Mais qui est-ce? Ancien gouverneur de l'Arkansas, mais surtout pasteur de l'église baptiste, avec des vues très conservatrices qui ont le don de faire vibrer l'électorat républicain qui adore son discours parsemé de références religieuses.

C'est bien sûr surtout pour ses positions sur les valeurs sociales qu'il a tant de succès. Et ça vaut le detour...

Avortement
Opposition absolue à tout avortement, même en cas de viol ou d'inceste. Déclare que l'arrêt de la cour suprême Roe v. Wade, qui garantit le droit à l'avortement aux Etats-Unis, a provoqué un "holocauste d'avortements libéralisés" et que ce sera "certainement un grand jour lorsque Roe v. Wade sera supprimé".
Bien qu'ayant initialement déclaré que chaque état devrait être laissé libre de fixer sa propre législation sur le droit à l'avortement, il déclare récemment que le gouvernement fédéral devrait le rendre illégal, puisque "pour ceux d'entre nous qui pensent que cela est une question morale, il ne peut y avoir 50 versions différentes de ce qui est juste".

Recherche sur les cellules souches
Cette recherche ne fait que "prendre une vie pour en créer une nouvelle". Il applaudit Bush en 2007 lorsque celui-ci met son veto à une loi cherchant à alléger les restrictions sur la recherche, car "la loi est mauvaise pour des raisons morales et basée sur une science peu convaincante".

SIDA
En 1992, il appelle à mettre les malades du SIDA en quarantaine. "Si le gouvernement est vraiment sérieux pour agir au sujet du SIDA, il faut prendre des mesures pour isoler les porteurs de ce fléau. Il m'est difficile de comprendre la politique actuelle vis-a-vis du SIDA: c'est la première fois dans l'histoire de la civilisation que les porteurs d'un vrai fléau n'ont pas été isolés du reste de la population." Il est depuis revenu quelque peu sur ces déclarations.
Dans la foulée, il s'oppose à tout financement fédéral pour la recherche contre le SIDA, suggérant que c'est les célébrités hollywoodiennes qui devraient fournir elles-mêmes les fonds nécessaires.

Droits homosexuels
En 1992: "Je pense que l'homosexualité est un mode de vie de pécheurs, aberrant et contre-nature, et nous savons que cela expose la santé publique à de grands risques".
En 2007, interrogé sur cette notion de 'péché' ("sinful lifestyle"), il déclare: "Et bien je pense que ca peut être un péché, au même titre que mentir est un péché, ou voler est un péché. Beaucoup de choses sont des péchés. Cela ne veut pas dire qu'on soit une personne horrible, mais simplement que l'on agit hors des limites séparant ce qui est bien de ce qui est mal".
Sur les unions et le mariage. Attention ça décoiffe: "Il faut que l'on ait une structure familiale de base. Aucune civilisation ayant récrit la signification de 'mariage' et 'famille' n'a jamais survécu". Ces derniers commentaires ont fait pas mal de bruit dernièrement, plusieurs journaux sortant de gros titres outrés du genre: "Huckabee: Gay marriage will END civilization", etc.

Education
Soutient l'affichage des Dix Commandements dans les écoles. N'accepte pas la validité de la théorie de l'évolution de Darwin et soutient le créationisme, qui devrait être également enseigné aux élèves.

Contrôle des armes à feu
Fermement opposé à tout contrôle des armes à feu et apparaît fièrement aux côtés de Chuck Norris qui le soutient activement, dans des spots de campagne.

Politique étrangère
Irak et Guantanamo: tout va bien, on continue comme ca.
Israël: Pense que le territoire d'Israël a été littéralement promis par Dieu aux Juifs. "Les Juifs ont un droit divin à réclamer le territoire donné à leurs ancêtres". Soutient la création d'un état palestinien, mais "en dehors du territoire d'Israël", citant l'Egypte ou l'Arabie Saoudite comme des alternatives possibles.

Que du bonheur...

Pat - live from Philly

Monday, December 10, 2007

Les CAUCUS, comment ça marche?

Bonjour,

Comme vous le savez, le premier état qui vote est l'Iowa, le 3 janvier, suivi du New Hampshire le 8. Pourtant, le système de vote est très différent.

C'est le New Hampshire qui accueille les premières "primaires": là, c'est simple, chaque électeur a droit à un bulletin de vote, et les résultats sont rapportés selon le pourcentage de voix reçu par chaque candidat. Bref, une élection tout à fait classique.
Dans l'Iowa (et plusieurs autres états), il n'y a pas de primaires, mais des "caucus". C'est un systeme très particulier, très pittoresque, très illogique, et decidément très discutable que je vais essayer d'expliquer.

Voilà comment ça marche (du moins pour le parti démocrate): Tout le monde se retrouve à une certaine heure fixe dans son bureau de vote (typiquement de l'ordre de 50 à 100 personnes se présentent en moyenne). Là, la pièce est partagée en "zones" pour chaque candidat et les participants signalent leur soutien à tel ou tel candidat en se plaçant dans le coin de la piece correspondant à leur favori. Il y a aussi souvent une zone réservée aux participants indécis. Alors, pendant environ 30 minutes, les gens peuvent discuter avec leurs voisins et connaissances pour essayer de les convaincre de changer d'avis et de rejoindre leur groupe de soutien. Les indécis peuvent se balader de groupe en groupe et essayer de se faire une opinion.

Mais attention ce n'est pas fini: c'est là que ça devient tordu!

Après 30 minutes, les discussions sont interrompues et on compte le nombre de supporters dans chaque camp. A ce moment-là, les organisateurs définissent quels candidats sont "viables", c'est-à-dire ceux qui ont depassé un seuil critique de soutien, en principe 15% des participants. Après cela, les participants disposent à nouveau de 30 minutes pour se réarranger: les supporters de candidats non viables peuvent aller rejoindre un autre groupe de soutien, ou choisir de s'abstenir. Ou encore, ils peuvent même se regrouper avec les supporters d'un autre candidat qui n'était pas viable précédemment, pour faire un groupe suffisamment grand. Cette deuxième phase est cruciale, puisque, contrairement à une primaire, le "2e choix" des participants a une importance.

Lorsque les déliberations sont closes, on compte le nombre de personne dans chaque coin de la pièce, et chaque bureau de vote répartit un certain nombre de "délégués" pour chaque candidat.

Bien bien...
Evidemment tout cela n'est pas très démocratique, puisque le vote n'a pas lieu à bulletin secret et que chacun est susceptible de subir l'influence, voire les pressions de ses voisins et amis.

Mais il y a encore bien d'autres problèmes: vu que j'aime bien les maths, voici encore quelques aspects pervers du système:

* Chacun des bureaux de vote (1784 en Iowa) se voit attribuer un certain poids électoral à l'avance, indépendamment du nombre de gens qui vont effectivement se présenter! Cette pondération n'est pas basée sur le nombre d'habitants liés à tel bureau de vote, ni même sur la participation ce jour-là, mais sur le nombre de gens qui AVAIENT été voter lors des 2 précédentes élections. Evidemment ce n'est pas équitable, vu qu'un bureau qui avait été très fréquenté dans le passé se verra attribuer beaucoup de poids, et cela même si peu de gens daignent se montrer cette année-là.

* Le fait que les supporters de candidats puissent se réarranger et soutenir quelqu'un d'autre peut mener à des effets plutôt inattendus. Imaginons qu'un bureau de vote dispose de 6 délégués à attribuer.

Si après la première phase, on a
Candidat A – 42%
Candidat B – 35%
Candidat C – 23%
Les maths électorales indiquent qu'il y aura 3 délégués pour le candidat A, 2 pour le candidat B et 1 pour le C.
Tous sont viables, mais les équipes de campagne vont faire marcher leur calculette pendant les 30 minutes de réalignement, et peuvent suggérer qu'une partie des supporters de B rejoignent C. En effet, on peut alors avoir

Candidat A – 42%
Candidat B – 30%
Candidat C – 28%
Dans ce cas, les calculs de répartition des délégués vont attribuer 2 délégués à chacun des trois candidats!!

Vous voyez le truc: les campagnes des candidats B et C peuvent tout à fait se mettre d'accord et conclure qu'en faisant cela, B est inchangé, C gagne un délégué, tandis que le candidat qui était en tête en perd un! Ce réarrangement entre B et C à pour effet de faire perdre un délégué au candidat A, alors même qu'il a gardé ses 42% de supporters!
Notons que cela est potentiellement un problème pour Hillary Clinton qui, en tant que favorite, a plus de chance de voir les supporters de Obama et Edwards se regrouper dans un front anti-Clinton.

Le deuxième choix de ceux qui soutiennent de "petits" candidats (qui ont sont davantage susceptibles de ne pas atteindre le seuil de viabilité) sera vraiment prépondérant également.

Friday, December 7, 2007

Et chez les républicains?

Bonjour,

Puisque vous en redemandez, voici l'état des courses à la nomination présidentielle, du côté des républicains...
Alors là, c'est vraiment totalement imprévisible, et bien malin celui qui peut prévoir, meme grossièrement, ce qui va se passer!

Pour vous donner une idée, voici les intentions de vote au niveau national (moyenne des 5 derniers sondages):

Rudy Giuliani: 24.0 %
Mike
Huckabee: 16.6%
John McCain: 13.4%
Fred Thompson: 12.8%
Mitt Romney: 11.8%
(et encore 4 autres qui n'ont aucune chance sérieuse)

Là, vous allez me dire que c'est assez clair: c'est visiblement l'ancien maire de New York Giuliani qui est largement en tête. Mais de nouveau, cela ne tient pas compte de l'ordre dans lequel les états votent et de l'importance qu'ont les premières victoires et défaites sur la suite des événements.

En fait, depuis longtemps, Mitt Romney a investi beaucoup de ressources dans les premiers états et est parvenu à maintenir une avance très confortable d'une bonne dizaine de points sur ses concurrents, aussi bien dans l'Iowa que dans le New Hampshire. On peut donc imaginer qu'il remporte Iowa et New Hampshire, que ces victoires lui procurent l'élan nécessaire pour gagner la Caroline du Sud et le Michigan, les états suivants où il est déjà très bien positionné. A partir de là, l'avance que Giuliani possède au niveau national aura fondu comme neige au soleil et il fort possible que Romney enchaîne sur une série de victoires...

Toute la stratégie de Giuliani repose en fait sur l'espoir que quelques pertes initiales dans les premiers petits états n'entament pas trop son avance dans les états suivants, de sorte qu'il puisse arriver confiant lors du gros Super Duper Tuesday du 5 février et gagner des états importants comme New York (évidemment) ou la Californie, qui présentent beaucoup plus de poids dans le décompte final des "points" remportés par chacun.

Donc tout allait bien, et jusqu'à il y a quelques semaines, ceci était la situation: tout le monde se posait seulement la question de savoir si Romney allait pouvoir, dans la foulée de ses premières victoires attendues, enchaîner dans un effet boule de neige dans la suite, ou bien si au contraire Giuliani allait contredire toutes les précédentes élections et ne pas être trop affecté par ses premières défaites prévues.

Mais voilà, tout dernièrement il y a un autre candidat que personne n'avait vraiment vu venir qui a décidé de compliquer les choses! En effet, regardons les sondages pour l'Iowa, premier état à voter le 3 janvier:

Huckabee:29.2%
Romney: 24.0%
Giuliani: 11.3%
Thompson: 10.5%
McCain: 6.2%

Tout à coup, le "petit candidat" Huckabee est monté en puissance de facon phénoménale jusqu'à ravir la pole-position à Romney dans certains sondages. Il y a quelques mois, personne n'en parlait et ses chiffres étaient tellement insignifiants qu'ils n'etaient souvent même pas mentionnés dans les journaux! Huckabee est l'ancien gouverneur de l'Arkansas, tout comme Bill Clinton... et vient de la petite ville de Hope... tout comme Bill Clinton!

Vu que sa spectaculaire percée a pris tout le monde par surprise et n'est que récente, il n'a pas récolté beaucoup de fonds jusqu'à présent et beaucoup se demandent s'il aurait les moyens de faire campagne plus loin au cas où il venait à remporter l'Iowa. Dans tous les cas, ceci risque bien de compromettre la belle stratégie de Romney, qui comptait sur des premières places éclatantes dans les 2 premiers états pour continuer... Pendant ce temps, c'est bien entendu Giuliani qui se frotte les mains!

Notons encore que les chances de voir Huckabee en tant que candidat républicain est potentiellement très dangereux pour les democrates. C'est un excellent orateur et qui a mené une campagne habile et qui arrive à faire passer avec un brin d'humour ses idées plutot extrêmes qui plaisent tant à la base conservatrice religieuse, et qui pourraient presque faire passer Bush pour un progressiste.

Les deux autres candidats, Thompson et McCain ne semblent a priori pas avoir de moyen simple de l'emporter, mais tout peut arriver dans le prochain mois! Notamment, la campagne de McCain, qui était en tête assez longtemps et qui a ensuite vécu une longue descente aux enfers, semble reprendre un peu de vigueur dernièrement.

En fait, tout va se jouer dans les 2 prochaines semaines, puisque le rythme de la campagne va fatalement ralentir (un peu) pendant la période des Fêtes.

Monday, December 3, 2007

Et si ce n'était pas Hillary?

Bonjour,

Il est temps de vous faire un rapport sur l'état de la campagne présidentielle américaine, suivie et analysée au jour le jour par votre correspondant sur place à Philadelphie...

Le calendrier

3 janvier: Iowa (caucus)
8 janvier: New Hampshire (primaire)
15 janvier: Michigan (primaire)
19 janvier: Nevada (caucus)
19 (Républicains) et 28 janvier (Démocrates): Caroline du Sud (primaire)
29 janvier: Floride (primaire)
5 février: c'est le "Super Duper Tuesday", le "Giga Tuesday" ou encore le "Tsunami Tuesday", bref un jour de folie ou 20 états votent en même temps, dont les poids lourds comme la Californie ou New York.

Tous les autres états suivent entre février et juin. Mais autant dire que les jeux seront probablement faits après le Super Tuesday du 5 février. Pour votre info, chez nous en Pennsylvanie, les primaires ont lieu le 22 avril - donc on ne va jamais trop voir les candidats faire campagne par ici!

Voila, donc bien entendu, il est intéressant de gagner l'Iowa, parce que le gagnant reçoit beaucoup de presse positive, et en général améliore ses sondages de plus de 10 points dans les états suivants. Bref, c'est un effet boule de neige qui a pour but de faire un peu le tri, de sorte qu'il ne reste en principe plus que 2 ou 3 candidats sérieux par camp lors du Super Duper Tuesday.

Chez les démocrates

Du côté démocrate, les choses ont été remarquablement stables tout au long de l'année. En gros, on avait Hillary Clinton qui survole tous les sondages, passant de 35% d'intentions de vote en début d'année jusqu'à friser les 50% en octobre.

Derrière, on a toujours eu Barack Obama, avec une cote très stable entre 20 et 25%, et ensuite John Edwards, entre 10 et 15%.

En gros, Hillary a toujours eu une domination absolue, avec régulièrement une bonne vingtaine de points d'avance sur son rival le plus proche.

Seulement voilà!

Le hic dans cette histoire, c'est qu'il s'agit de sondages nationaux, alors que les états votent les uns après les autres. Oh, bien sûr, Hillary a toujours eu une avance confortable presque partout: une bonne vingtaine de points d'avance dans le New Hampshire et dans la plupart des états. Mais pas en Iowa!

Depuis le début de l'année, les sondages dans l'Iowa ont été très serrés, chacun des 3 candidats principaux ayant des scores similaires entre 25 et 30%. Finalement, à la fin de l'été, Clinton a quand même réussi à prendre la tête et, même si l'avance n'était que de 5 points environ, cela a conduit beaucoup de commentateurs à declarer que sa nomination était tout simplement inévitable et à la surnommer "Hillary the unstoppable".

Or, ces dernières semaines, les choses ont commencé à bouger dans l'Iowa, et Obama s'est retrouvé en tête de quelques sondages pour la première fois depuis le début de l'année. Cette montée en puissance et la relative stagnation des chiffres de Clinton ne pouvait pas survenir au meilleur moment pour Obama, alors que l'Iowa vote dans 1 mois exactement.

En outre, les sondages du New Hampshire deviennent un peu plus serrés (Clinton a maintenant une avance de "seulement" une dizaine de points).

Conclusion: il devient tout à fait imaginable que Obama remporte l'Iowa et, dans la foulée de cette victoire, gagne suffisamment de terrain dans le New Hampshire qui vote 5 jours plus tard pour dépasser Clinton au finish. A partir de la, c'est la grande incertitude: Hillary peut encore l'emporter, vu l'avance énorme qu'elle detient toujours dans de nombreux états, mais cela va devenir une lutte féroce dont l'issue reste totalement imprévisible.

Le fin mot de l'histoire?

Pour Clinton, gagner l'Iowa est une condition suffisante pour emporter la nomination.
Si elle gagne l'Iowa, il n'y a vraiment aucun autre endroit où ses concurrents ont la moindre chance de la rattraper, puisque l'Iowa est vraiment le seul état qui est serré a l'heure actuelle.

Pour Obama, gagner l'Iowa est une condition nécessaire pour emporter la nomination. Ensuite, s'il perd dans le New Hampshire, il a sans doute peu de chance de l'emporter ailleurs.
En revanche, s'il remporte les deux premiers états, alors là, faites vos jeux!

Entendons-nous bien: si je devais vraiment parier à l'heure actuelle, je dirais que Clinton a plus de probabilité de l'emporter. Mais l'issue "inéluctable" que tout le monde prévoyait devient de plus en plus incertaine...


Prochainement...

Il va falloir que je vous parle de la course à la nomination du cote républicain, qui est beaucoup plus incertaine et compliquée, avec pas moins de 5 candidats qui ont encore une chance réelle de l'emporter.

Egalement bientôt: une explication de la différence entre une "primaire" et un "caucus", détail crucial du scrutin.